Le mois de juillet bien entamé, je sors enfin l’article sur les bandes-dessinées que j’ai lues en mai… Je me console de ce délai important en me disant que l’été est aussi un excellent moment pour lire des livres plus courts entre deux sorties estivales!
Dans mon dernier billet, je donnais mon avis sur des bandes-dessinées lues dans la dernière année. Cette fois-ci, ce sont cinq BD que je présente sur le blogue. Je peux affirmer que mon mois de mai a été particulièrement agréable côté lecture. Voyez pourquoi!

1. Jane, le renard et moi, Fanny Britt et Isabelle Arsenault
Dans cette bande-dessinée, on fait la rencontre d’Hélène, une jeune fille pas très bien dans sa peau qui subit de l’intimidation à l’école. Elle se réfugie entre les pages du roman de littérature classique Jane Eyre de Charlotte Brontë pour tenter de surmonter ses difficultés. Un jour, alors qu’elle est contrainte de partir quatre jours en classe verte avec le reste de sa classe, elle fera la rencontre d’un renard, un moment qui l’apaisera, comme un heureux présage.
J’ai beaucoup aimé cette courte bande-dessinée qui se lit d’un seul coup. Les illustrations sont magnifiques. Le mélange des médiums et des techniques permet de faire plus facilement le saut entre ce qu’on peut présumer être le journal intime d’Hélène, plus terne et triste, et son imagination, colorée et apaisante, lorsqu’elle se plonge dans la lecture de Jane Eyre. Le sujet principal de la BD vient dénoncer des comportements encore trop souvent présents et parfois même banalisés, mais le message d’espoir et de lumière transcende le récit. C’est touchant! Néanmoins, j’en aurais pris plus. Il m’a semblé qu’il manquait quelques mots sur la résilience d’Hélène et peut-être un retour sur le renard, qu’on n’a vu que trop brièvement à mon avis, pour bien boucler la boucle.
Ma note (/5)
2. Simone Simoneau : chronique d’une femme en politique, Valérie Plante et Delphie Côté-Lacroix
C’est l’histoire d’une citoyenne de la ville de Montréal qui décide, alors que rien ne le lui prédestinait vraiment, de s’engager en politique. Car Simone Simoneau est animée par le désir de faire bouger les choses : l’environnement, la justice sociale et l’égalité des sexes sont tous des idéaux qui lui tiennent à cœur. Amie, fille, conjointe et mère, Simone ajoute un chapeau à sa collection et devient candidate au parti Action/Réaction pour les prochaines élections municipales. Malgré les embûches, elle parvient à tracer son propre chemin en suivant son cœur.

C’était une belle petite surprise cette bande-dessinée, moi qui ne m’attendais à rien en particulier. C’est sans prétention et on visite Montréal grâce aux jolies illustrations aux teintes pastels qui ajoutent une couche de douceur. C’est une bonne lecture qui aborde différents enjeux de société actuels. N’empêche que j’aurais préféré que tout soit plus approfondies, comme les difficultés d’être une femme en politique, les idéaux du personnage et ses états d’âme lorsqu’elle se heurte à des difficultés. Je m’attendais à des péripéties en montagne russe pareil à l’illustration de la couverture, mais finalement, c’était un chemin assez constant. Peut-être que l’auteure, lorsque son mandat sera terminé en tant que mairesse de Montréal, osera aller plus loin dans un tome 2? À suivre!
Ma note (/5)
3. La petite Russie, Francis Desharnais
En 1947, Marcel Desharnais arrive à Guyenne en Abitibi et s’y installe en ayant pour rêve de devenir cultivateur. Mais pour y arriver, ce n’est pas si simple, car l’Abitibi est alors une région isolée qui commence tout juste à se coloniser. À Guyenne, les gens se sont organisés en coopérative et suivent des règles strictes pour son bon fonctionnement. Tout l’effort collectif est tourné vers la coupe du bois, ce qui avec le temps, mine les efforts des familles agricoles, comme celle de Marcel et de sa femme Antoinette, qui ne reçoivent que peu de soutien dans cette région où la terre n’est pas des plus fertiles.
Un coup de cœur! Pour moi, cette BD a tout pour plaire. D’abord, on vit une incursion dans un pan méconnu de l’histoire du Québec. On apprend beaucoup sans que l’information nous soit bombardée grâce à de courtes phrases et des illustrations simples et efficaces en noir et blanc. Ensuite, on fait place à un retour dans un registre de langue d’une époque révolue. Les mots sont bien intégrés dans leur contexte pour qu’on les comprenne bien et la lecture du glossaire à la fin fait sourire. Puis, on rit, car l’humour est de bon goût. Même si l’auteur fait référence à des stéréotypes de la culture traditionnelle québécoise, ce n’est pas pour les ridiculiser, mais pour raviver la mémoire collective. Enfin, on aborde la place des femmes et on leur donne une voix. Ce n’est pas parce qu’on ne leur accordait pas cette place à l’époque, qu’elles doivent être ignorées des récits que l’on raconte aujourd’hui.
Ma note (/5)
4. Temps libre, Mélanie Leclerc
Mélanie a un rêve. Mais entre sa réalité de mère de famille et de préposée à la bibliothèque de quartier, il ne reste plus que le temps consacré à ses loisirs personnels pour s’adonner à ce projet ambitieux. Celle qui souhaite réaliser un film à propos de sa marraine atteinte d’Alzheimer voit son projet artistique gruger tout son temps libre sans même avoir l’impression d’approcher du but. Peu à peu, l’inspiration et la passion qui lui donnaient des ailes ne semblent plus suffisantes pour la propulser vers l’avant. Le temps manque et sa marraine oublie de plus en plus. Devrait-elle s’acharner ou laisser aller?
J’ai beaucoup aimé le message de cette BD qui m’a rejointe et qui, je pense, peut interpeler beaucoup d’adultes. En ce qui me concerne, je n’ai pas de grands rêves, il me semble, mais j’ai des projets ou des idées de projets. Cependant, quoi penser de ces projets qui demandent beaucoup de temps et d’énergie quand ils ne remplissent qu’une minuscule partie de ma vie? Est-ce que ça vaut la peine de les continuer ou de les mettre en œuvre si le temps me manque? (Si ça vous intéresse, ma réflexion personnelle en est rendue là : tant qu’on y trouve du plaisir, oui, ça vaut la peine, même si ce n’est qu’à petite dose.) Bref, je me suis reconnue dans la bande-dessinée et ça m’a fait du bien! Le style des illustrations quant à lui m’a peut-être un peu moins rejointe, mais c’est très personnel. Somme toute, c’est une excellente BD qui vaut la peine d’être lue.
Ma note (/5)
5. Persepolis, Marjane Satrapi
Retour en 1980. Marjane a 10 ans et vit en Iran avec sa famille. Aux lendemains de la Révolution islamique, le port du foulard devient obligatoire et Marjane est séparée de ses amis pour se retrouver dans une classe pour filles. Sa famille a toujours été très croyante. Pourtant, ces changements survenus du jour au lendemain ne sont pas perçus d’un bon œil par tout le monde… Dans le premier tome de Persepolis, Marjane Satrapi raconte ce qui a mené à la révolution à travers les yeux de l’enfant qu’elle était à l’époque.
Dès les premières pages, cette BD m’a fait penser à Maus de Art Spiegelman et, après quelques recherches, j’ai remarqué que je suis loin d’être la seule à y avoir vu des rapprochements : les illustrations en noir et blanc, l’histoire racontée au « je » et le sujet de la guerre sont des éléments qui se retrouvent dans les deux BD. Aussi, malgré le sujet difficile, l’histoire est truffée d’éléments pour adoucir le tout. Si, dans Maus, il y a les personnages à têtes d’animaux, dans Persepolis, il y a les observations et les réflexions enfantines sur la guerre. Cependant, cette bande-dessinée est loin d’être une pâle copie. Le sujet est complètement différent et, j’oserai dire, presque méconnu du monde occidental ce qui en fait un ouvrage de grand intérêt. Je n’ai en ma possession que le 1er tome, mais clairement, il me faut la suite pour mieux comprendre la révolution islamique en Iran, ce morceau important de notre histoire moderne.
Ma note (/5)
One Reply to “En mai, j’ai lu des BD”