J’ai lu Ru de Kim Thúy quelques semaines avant la sortie du reportage du journaliste Stéphane Leclair et de la réalisatrice et productrice Judith Plamondon de Radio-Canada sur la crise identitaire des enfants de la loi 101 au Québec. C’est peut-être un hasard, mais j’ai trouvé que ce livre tombait pile poil dans la thématique. Bon, il est peut-être un peu tard pour en écrire une chronique sur mon blogue étant donné que le « momentum » est déjà passé, mais il reste que ce sujet est toujours aussi important et que ce roman vaut la peine d’être lu.

L’HISTOIRE EN BREF
Dans ce recueil, Kim Thúy mêle un peu les cartes en racontant des moments de sa vie, tout en changeant les noms des personnages et en modifiant quelques événements. Par l’intermédiaire de courts souvenirs qui la ramènent à son enfance dans son village vietnamien assiégé par les soviétiques, elle relate la descente de sa famille aisée vers la pauvreté, sa fuite clandestine dans la cale d’un bateau vers le Québec, ses premières années à Granby et les difficultés qu’elle éprouve à sortir de sa coquille, ses études en linguistique et en traduction ainsi que sa vie d’adulte et de mère de deux enfants dont l’un est atteint du spectre de l’autisme. La femme qu’elle est devenue pose ses yeux sur un passé troublé à de maintes reprises par les difficultés qui se sont dressées sur son chemin, mais les mots choisis pour les décrire sont empreints de paix et de sérénité. Son regard tourné vers l’avenir, lui, est plein d’espoir.
MON AVIS EN QUELQUES POINTS
- Même si l’auteure raconte des faits vécus parfois atroces, j’ai beaucoup aimé ma lecture, parce que je n’ai pas eu l’impression qu’elle a écrit ce livre pour qu’on la prenne en pitié ou encore pour nous rendre honteux d’avoir vécu une vie plus simple que la sienne. Les mots choisis sont justes et m’ont fait voir la réalité des réfugiés politiques telle qu’elle est.
- Juste pour la finesse de la plume de la romancière, je ne peux que classer cette lecture comme une lecture sucrée. C’est doux à lire et à entendre. Le message d’espoir et d’amour est très fort dans ce roman.
- Ses sages réflexions et ses références à la culture vietnamienne m’ont accompagnés tout au long de ma lecture et m’ont beaucoup appris et fait réfléchir également. Je ne m’étais jamais vraiment intéressée à ce pays, mais j’ai tout à coup envi d’en connaître plus.
- J’ai beaucoup apprécié que le récit soit sous forme d’anecdotes et de petites réflexions d’une ou deux pages, car cela rend la lecture très rythmée. J’ai littéralement dévoré ce roman!
MES CITATIONS FAVORITES
« Petite, je croyais que la guerre et la paix étaient deux antonymes. Et pourtant, j’ai vécu dans la paix pendant que le Vietnam était en feu, et j’ai eu connaissance de la guerre seulement après que le Vietnam eut rangé ses armes. Je crois que la guerre et la paix sont en fait des amies et qu’elles se moquent de nous. » (p. 22)
« Pendant longtemps j’ai cru que ma mère prenait un plaisir fou à me pousser constamment au bord du précipice. [J’]ai compris plus tard que ma mère avait certainement des rêves pour moi, mais qu’elle m’a surtout donné des outils pour me permettre de recommencer à m’enraciner, à rêver. » (p. 30)
« Seuls autant qu’ensemble, tous ces personnages de mon passé ont secoué la crasse accumulée sur leur dos afin de déployer leurs ailes au plumage rouge et or, avant de s’élancer vivement vers le grand espace bleu, décorant ainsi le ciel de mes enfants, leur dévoilant qu’un horizon en cache toujours un autre et qu’il en est ainsi jusqu’à l’infini, jusqu’à l’indicible beauté du renouveau, jusqu’à l’impalpable ravissement. » (p. 138)
MA NOTE (/5)
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