À l’automne 2016, au mois de novembre, j’ai visité la ville d’Amsterdam aux Pays-Bas, seulement une semaine après les funestes élections présidentielles du 8 novembre. Alors que j’étais abattue par tant de méchanceté, d’intolérance et de stupidité, Amsterdam a su me redonner un peu d’espoir. En fait, c’est plutôt Anne Frank qui m’a redonné espoir, car pour moi, elle incarne l’étendard de la diversité.

Il me semble toujours avoir connu le nom d’Anne Frank, même si je n’avais jamais lu les écrits de son journal. En tout cas, pas avant il y a quelques mois. C’est mon séjour à Amsterdam qui m’en a donné envie. Visiter les murs qui les ont gardées, elle et sa famille, dans la clandestinité pendant un peu plus de deux ans lors de la Deuxième Guerre mondiale m’a beaucoup émue.


Malheureusement, je me sentirais malhonnête de dire que j’ai beaucoup apprécié la lecture de son journal. Et là, ça me prend beaucoup de courage pour l’avouer, parce que je sais qu’il s’agit d’une œuvre presque intouchable et, qu’en la critiquant, je risque de m’attirer les foudres de plusieurs personnes.
Je m’explique : je suis contente de l’avoir lu, car c’est une œuvre importante qui remet en perspective les fondements de la guerre et du racisme, mais je me suis trouvée mal à l’aise à quelques reprises en lisant des passages plus intimes, comme si je me surprenais en flagrant délit de voyeurisme. De plus, la plume d’Anne, bien que très jolie pour son âge, combinée à la traduction, m’en a fait voir de toutes les couleurs en ce qui a trait aux fautes de syntaxe par exemple. On pardonne puisque c’est une enfant, mais reste que ça rend la lecture et la concentration plus difficiles.

Malgré cela, je crois que, grâce à la publication de ce journal et à sa traduction dans plus de 70 langues, Anne est devenue un symbole d’espoir et de paix pour la ville d’Amsterdam, certes, mais également partout à travers le monde. D’ailleurs, lire ses écrits m’a permis de comprendre un peu mieux pourquoi elle est devenue ce symbole. Anne est une jeune fille en qui n’importe quelle adolescente ou n’importe quel adolescent peut se reconnaître, parce qu’au quotidien, même dans la clandestinité, elle vit des choses que tous les jeunes vivent : les querelles entre elle et sa mère, les débuts d’une relation amoureuse et les tourments qui l’accompagnent, le goût de changer et de devenir une meilleure personne, les erreurs qu’elle reproche à ses parents, etc.
Oui, elle vit des choses plus difficiles que la plupart des jeunes qui la lisent, mais elle les aborde avec ses yeux d’enfants qui rendent son style d’écriture un peu plus naïf et donc plus accessible, bien qu’elle soit tout à fait consciente de ce qui se passe en dehors de chez elle.

C’est une jeune adolescente bien consciente des atrocités de l’espèce humaine qui a écrit ces lignes :
« Oh, pourquoi les hommes sont-ils si fous? On ne me fera jamais croire que la guerre n’est provoquée que par les grands hommes, les gouvernants et les capitalistes, oh non, les petites gens aiment la faire au moins autant […]! Il y a tout simplement chez les hommes un besoin de ravager, un besoin de frapper à mort, d’assassiner et de s’enivrer de violence, et tant que l’humanité entière sans exception, n’aura pas subi une grande métamorphose, la guerre fera rage […]! » (p. 270)
Je n’ai pas eu besoin de retourner loin en arrière sur l’échelle du temps pour réaliser que cette citation s’applique aussi à la réalité d’aujourd’hui. Malheureusement, ce qui fait encore plus mal, c’est que ce soit une enfant qui ait rédigé ces mots. Une enfant qui ne demandait qu’à vivre.
« Le soleil brille, le ciel est d’un bleu profond, il souffle un vent délicieux et j’ai une telle envie – une telle envie – de tout… De parler, de liberté, d’amis de solitude. J’ai une telle envie… de pleurer! Au-dedans de moi, j’ai l’impression d’éclater et je sais que cela irait mieux si je pleurais; je ne peux pas. » (p. 179)

« Dans tout ce que je fais, je ne peux pas m’empêcher de penser aux autres, à ceux qui sont partis et quand quelque chose me fait rire, je m’arrête avec effroi et me dis que c’est une honte d’être aussi gaie. Mais faut-il donc que je pleure toute la journée? Non, c’est impossible et ce cafard va bien finir par passer. » (p. 73)
Une enfant qui voulait grandir et réaliser son rêve de devenir journaliste et écrivaine. Quel gâchis. Mais comme l’a si bien dit le guide en clôturant mon tour guidé de la ville d’Amsterdam en mettant beaucoup d’émotions dans sa voix :
Anne Frank n’a peut-être pas pu devenir une écrivaine célèbre de son vivant, mais son souhait a tout de même été exaucé : elle est aujourd’hui la petite fille juive la plus connue au monde.
Sans trop de surprise, j’ai pleuré.

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